67 kms

« Un trail part des coureurs, pour des coureurs »: la promesse de l’Ultra Trail des Monts d’Arrée était belle, pour cette 5ème édition. Promesse tenue, tant les sourires, les remerciements, et les envies de reviens-y à l’arrivée étaient nombreux.

Et la course phare de l’épreuve, longue de 67 kilomètres pour 2000 mètres de dénivelé positif, allait en premier lieu enchanter les coureurs.

Enchanter les coureurs, oui, mais mettre les corps à rude épreuve, aussi !! Car, dans l’atmosphère d’une belle journée de printemps, c’est parti très fort, à l’avant. Dès les premiers kilomètres, Guillaume Morizur emmenait dans sa roue Morgan Pouliquen. Ces deux-là menaient bon train, et filaient avec quelques dizaines de secondes d’avance, au sommet du Roc’h Trévézel, sur un Allan Le Floc concentré, ou sur plusieurs coureurs partis en surrégime, tels Jean-Benoît Houé ou Kilian Lejeune. « On est parti à trois sur un bon tempo sur les 20 premiers kilomètres dans une partie joueuse et technique. Et ensuite, je me suis détaché en prenant mon rythme » commente le futur vainqueur, Morgan Pouliquen.

Mais les Monts d’Arrée sont des montagnes, et en montagne, le temps change très vite! Alors après le ciel dégagé du départ, c’est à présent une brume à couper au couteau qui se présente aux coureurs, rendant l’ambiance autour de la chapelle de Saint-Michel de Brasparts absolument mystique! Un régal pour les yeux, mais le temps y est frais. Que les coureurs de tête en profitent, la chaleur les accablera bientôt! Morgan Pouliquen a profité de ces quelques kilomètres pour accélérer; il pointe à Saint-Michel avec environ 2 minutes d’avance sur Guillaume Morizur (km 24). Quelques encablures plus loin, au ravitaillement du Nivot (km 37), près de 4 minutes le séparent maintenant de son dauphin. Les kilomètres passent, l’écart se creuse: plus personne ne reverra Morgan Pouliquen, qui s’impose en 5h27′, avec 12 minutes d’avance. Il avait bien préparé sa course, après une saison de cross hivernale, et après une belle victoire sur l’Hermine Trail de l’Aber Wrach. Et s’il est en préparation pour un objectif principal qui se nomme l’UTMB, fin août, l’UTMA était une étape. Une étape importante, une étape victorieuse. La prochaine: la redoutée mais magnifique Maxi-Race, soit le tour du lac d’Annecy, version montagne.

Derrière, Alan Le Floc maintient l’écart entre 1 et 2 minutes derrière Guillaume Morizur, attendant son heure. Elle arrivera bientôt. Passé au Nivot en 3ème position, le coureur du Quimper Athlétisme garde un rythme constant, et reviendra finalement sur un Guillaume Morizur usé avant le ravitaillement de Saint-Cadou, kilomètre 50. La tension est palpable pour cette 2ème place: Allan Le Floc semble plus frais, mais n’est pas serein! Il oublie par exemple ses lunettes au départ du ravitaillement, perdant quelques précieuses secondes. Mais il a des cannes, Alan Le Floc! Pourtant, Guillaume Morizur retrouve du jus, l’arrivée approchant! Mais il ne reviendra pas, décrochant une très belle 3ème place. Une belle performance, de bon augure avant sa participation au difficile Trail du Val d’Aran, dans les Pyrénées, début juillet.

Le podium masculin: 1er: Morgan Pouliquen – 2ème: Allan Le Floc – 3ème: Guillaume Morizur

Chez les féminines, on a longtemps cru à un cavalier seul de Chloé Le Guillou! Mais que la fin fut cruelle, pour la vainqueur du 47 kilomètres l’Ultra Trail des Côtes d’Armor, début 2025! Car, bien plus tôt, on l’avait vue maitriser son sujet dans les grandes largeurs. Sereine à Saint Michel de Brasparts, elle virait en tête à chaque point de passage, avec notamment 3 minutes d’avance sur Charline Lemaire au Nivot (km 37), et même 10 minutes sur Marine Carton. Mais la chaleur de l’après-midi allait l’user à petit feu. Et alors que son rythme commençait à décliner, elle perdait du terrain. Elle pointait pourtant toujours devant à Saint-Cadou. Mais Marine Carton, partie plus prudemment, revenait d’abord sur Charline Lemaire, puis grapillait sur Chloé Le Guillou. A 2 kilomètres de l’arrivée, les 2 athlètes étaient même au coude à coude, distantes de 3 toutes petites secondes! Mais vous avez compris les dynamiques: c’était un tapis rouge pour l’athlète du TLA Marine Carton. A contrario, Chloé Le Guillou, à l’arrêt broyait du noir: Charline Lemaire revenait également sur elle. Elle ne pouvait, quelques hectomètres plus loin, décrocher « seulement » que la 3ème place! Une place prise avec fair-play: « c’est le jeu, j’ai moins bien géré ma course, ou alors les filles étaient meilleures que moi! Je ne sais pas expliquer ce qui a manqué, j’ai craqué physiquement! » Elle aura l’occasion de prendre sa revanche sur le Trail de l’Odet, à Ergué-Gabéric, le 7 juin.

Le podium féminin: 1ère: Marine Carton – 2ème: Charline Lemaire – 3ème: Chloé Le Guillou

40 kms

Quel plateau, sur le Trail des 2 Lacs! Chez les hommes, David Pasquio, vainqueur la semaine passée sur le 29 kilomètres du Bretagne Ultra Trail, allait croiser le fer, avec Benjamin Martinez, étoile montante du trail breton, Fabien Jaffré, Yoann Le Goff ou encore Kévin Meudec. C’était alléchant: ce fut grandiose!

A Bodenna, kilomètre 11 (10.8 exactement), c’est Le Goff qui menait l’allure, devant Martinez et Meudec. Mais observez les allures: moins de 11 kilomètres avalés en…. 41 minutes par la tête de course! Cela courait donc à 16km/heure, sur ces premiers kilomètres! Un rythme élevé, que Fabien Jaffré a choisi de suivre depuis le 2ème rideau de course: « Je suis parti en retrait et faire ma course à mon rythme Devant, ils se sont bien fightés! ». Car oui, c’était la bagarre! Le futur vainqueur reviendra vers le 23ème kilomètre, entamant sur le dernier tiers de course un mano-a-mano avec Benjamin Martinez. Et chose rare, personne ne savait vraiment, sur l’aire d’arrivée, lequel des 2 athètes allait rentrer à Commana avant l’autre! Car la dernière patate de l’ultime kilomètre, ultime difficulté d’un parcours savamment travaillé par Thierry Gallou et son équipe, allait être déterminante. Fabien Jaffré préférait anticiper, craignant le finish de son challenger. Il accélérait à 2 kilomètres de l’arrivée, pointant avec 35 toutes petites secondes d’avance à la flamme rouge. Elles s’avèreront suffisantes: transcendé par le goût de la gagne, toujours plus proche à mesure que chaque mètre de dénivelé était franchi, il creusait même encore l’écart dans les derniers hectomètres, s’imposant devant Benjamin Martinez, Kévin Meudec, et David Pasquio.

Chez les féminines en revanche, c’est peu dire que le suspense a été défloré plus rapidement. Et qui d’autre que l’athlète du Stade Lesnevien Athlétisme Marion Le Goff, pour mettre d’entrée la concurrence dans le rétroviseur! C’est simple, jamais Anaïs Quéïnec, Margot Le Berre, ou Ivanne Hureau, n’auront été en mesure d’inquiéter Le Goff. Dès le point de passage de Bodenna, kilomètre 10.8, près de 5 minutes d’avance étaient au crédit de la future vainqueur, qui pointait 13ème au scratch à mi-course! Car même si la deuxième partie de course était rendue pénible pour Marion Le Goff, des crampes venant même compliquer encore la fin de course, l’affaire était entendue depuis longtemps! L’athlète, qui pratique le trail depuis peu, s’impose solidement avec 21 minutes d’avance sur Anaïs Quéïnec, et 25 sur Anne Périot. « C’était cool, d’autant que j’ai couru avec un ami. Mais je me suis sans doute mise dans le rouge trop tôt! » commente Marion Le Goff, que l’on verra prochainement sur la distance reine du trail de Guerlédan.

Le podium féminin du T2L: 1ère: Marion Le Goff – 2ème: Anaïs Quéïnec – 3ème: Anne Périot

20 kms

Classement:

Hommes: Ehouarn Gouez (en photo ci-dessous) 1h24’15 – 2ème Livio Corbin 1h24’39 – 3ème Jonathan Barthélémy 1h25’05

Femme: 1ère Raphaëlle Jourdrin (en photo ci-dessous) 1h36 – 2ème: Mégane Gasparini 1h40 – 3ème Nadège Besnoux 1h41

Thierry, les retours des coureurs sur la ligne d’arrivée sont unanimes : qualités des parcours, organisation, balisages, ravitaillement.s Comment travaille l’UTMA pour atteindre un tel niveau d’engouement?

C’est beaucoup d’anticipation, beaucoup de réunions de préparation, avec une règle simple: “Qui fait quoi, pour quand?”. Une organisation qui s’apparente à une organisation de petite entreprise. Mais puisque tout le monde est bénévole, on tient évidemment compte des contraintes professionnelles et personnelles de chacun. On essaie aussi de retenir nos petites erreurs du passé. C’est cette année la 5ème édition, l’association a été créée il y a un peu moins de 4 ans, elle est donc très jeune. On a une chance assez unique en Bretagne: on a sur notre territoire l’un des plus beaux spots, avec la montagne Saint-Michel, avec les lignes de crêtes. On est également aidé par toutes les associations, les municipalités, les bénévoles, qui sont passés de 100 en 2021 à 400 cette année. C’est génial de voir tous ces sourires sur le site!

On lit sur le site de l’UTMA que la course est créée “par des trailers, pour des trailers”. Comment se concrétise cette belle promesse sur le terrain?

C’est assez simple: on trace des parcours que l’on aurait rêvé courir. On est hyper exigeants, sérieux sans se prendre au sérieux. Je prends l’exemple de l’équipe de baliseurs: après le balisage, on repasse partout avec Denis Boulet, qui a été organisateur du Grand Raid de la Réunion pendant 20 ans, avec notre œil de coureur, pour replacer telle ou telle flèche ici ou là..

Autre exemple, l’an dernier, nous n’étions pas contents des trop nombreuses portions de routes. On a cassé ces portions par un travail de fourmi de cartographie, en allant voir les propriétaires… Petit à petit, on affine! 

On a maintenant ancré notre village UTMA à Commana, avec un rayonnement sur neuf communes et 3 communautés de communes. On est également aidé par le département, la région et le parc naturel d’Armorique. Ce qui a changé aussi, c’est que la 1ère année, l’UTMA c’était un objectif. L’objectif de tout simplement réussir à proposer aux coureurs un événement digne de ce nom. Aujourd’hui, nous savons que l’on saura faire: c’est devenu un catalyseur de moyens, qui nous permet de donner du sens à nos actions à travers l’inclusion, le handicap, la convivialité, le partage. On se laisse porter par l’engouement autour de l’événement, que ce soit dans la population locale, ou chez les coureurs.

L’UTMA a connu plusieurs distances, plusieurs parcours. L’évenement a-t-il aujourd’hui trouvé sa formule de croisière?

On a une règle: on veut deux innovations par année! On a fait des relais, des courses en ligne, un trail secret. On a cette année innové en créant le Trail des 2 lacs et le chemin des crêtes. Sur une journée, on ne pourra pas faire plus! Mais il y a néanmoins des réflexions: le site est prêt dès le vendredi, pourquoi ne pas en profiter pour créer une course le vendredi, ou le dimanche matin? Mais ce sont les bénévoles qui diront, puisqu’on ne pourra rien faire sans eux, mais on peut faire plein de choses! Un contre la montre, une course nocturne, une course 100% féminine le dimanche matin! Plein de partenaires veulent nous aider, et la pub est faite par les personnes qui viennent courir!

On te sent très fier de ce que tu leur proposes!

C’est clair! Le trail, c’est ma passion, et à travers l’UTMA, je redonne une partie de ce que j’ai reçu pendant les 20/25 ans de ma carrière sportive. En tant que coureurs, on ne s’imagine pas de tout ce qu’il y a derrière! 

Sur le plan sportif, quel bilan tires-tu de l’édition 2025 de l’UTMA?

C’est le plus beau plateau que l’on ait reçu en 5 éditions. Le 40 kilomètres est digne d’un championnat de Bretagne de Trail. On postulera d’ailleurs pour obtenir le championnat de Bretagne de Trail court l’an prochain. Sur le 65 kilomètres, c’est un grand champion qui gagne! Un coup de chapeau aussi à Marion Le Goff sur le 40 kilomètres qui a fait un numéro fantastique! Sportivement, c’était une très belle édition!