Trail de Guerlédan – 66kms – 8 juin 2025


Récit de course

Un décor envoutant, au pied de l’Abbaye de Bon-repos, des bois et bien sur du lac: bienvenue à Guerlédan, LA Mecque du trail breton, l’événement certainement le plus emblématique de la discipline chez nous en Bretagne. Par son histoire, par la beauté de ses décors, par la densité des athlètes présents. Un monument, tout simplement.

7H00 pétantes, le sémillant Jean-Claude Nivet fait monter la pression, après avoir rendu un émouvant hommage au regretté Thierry Dehais. On sent de la tension sur la ligne. Tous, favoris comme athlètes du cœur de peloton le savent: il faudra aller puiser loin, très loin, pour revoir, dans quelques heures, l’Abbaye et le site d’arrivée.

Dès les premières encablures de la course, cela part fort. Kilomètre 11, 57 minutes de course, six athlètes se présentent groupés à Gohfornic. Le groupe est mené par Aurélien Le Jouis, qui emmène dans sa roue Valentin Piques, Tony Bihel, Yoann Sibiril, Benjamin Martinez, Francis Garnier. Le Gallois Andrew Davies et Jean-Marie Diverrez suivent à quelques secondes. Ravito express pour certains mais on ne s’arrête pas, ici!

Porh Antoine, kilomètre 22. Le premier tiers de course est bouclé, l’heure du 1er ravitaillement « solide ». On retrouve les mêmes, ou presque. Yoann Sibiril passe avec une quinzaine de secondes d’avance sur un groupe composé de Tony Bihel, Aurélien Le Jouis, Benjamin Martinez, Ronan Callet, Andrew Davies, et Francis Garnier. Valentin Piques, l’un des grands favoris, accuse un débours d’une minute. Il ne semble pas dans un grand jour. Jean-Marie Diverrez, l’autre athlète du Team Trail Finistère, également cité parmi les favoris, décroche: il pointe à 6 minutes de la tête, et l’on comprend que ce ne sera pas sa journée. Il abandonnera quelques kilomètres plus loin, victime de problèmes gastriques qui l’ont empêché de s’alimenter correctement, dès le début de journée.

Parmi les hommes de tête, on retrouve des dynamiques différentes. On sent que certains sont partis vite, à l’image de Le Jouis ou de Sibiril. Il semble difficile de les voir continuer devant sur ce rythme. Martinez, Bihel, Callet, Garnier ou Davies paraissent, eux, sereins.

Cette prédiction se confirme bientôt pour l’homme de tête, Yoann Sibiril, qui décroche au kilomètre 33. Il pointe ici en 8ème position, environ 5 minutes derrière un quatuor composé de Martinez, Bihel, Garnier et Davies. Le Gallois, également annoncé comme l’un des favoris, présente certainement le profil athlétique le plus impressionnant, avec des meilleures performance sur 10.000 de 28’34, sur semi-marathon de 1h03’05, ou encore sur marathon de 2h14’23. Mais ici, à Guerlédan, ces qualités suffiront elles, sur un parcours technique et accidenté? Kévin Meudec est rentré à deux minutes de ce groupe, et a repris Valentin Piques, qui tente de rester dans le coup.

Les quatre hommes confirment qu’ils se battront pour la gagne, à Beau-rivage, kilomètre 44. « C’est ici que la course commence » prédit Morgan Pouliquen, récent vainqueur de l’UTMA, qui gère l’assistance de son pote Valentin Piques. Elle s’est pourtant décantée plus nettement encore, depuis la mi-course. Martinez emmène d’une foulée toujours dynamique, malgré un visage qui trahit une fatigue certaine, Tony Bihel, qui prend plus de temps pour se ravitailler, ici. Il commence à faire chaud, il n’hésite donc pas à prendre quelques secondes supplémentaires pour se rafraichir. On le sent prêt à en découdre, comme en mission, lui qui l’an passé avait réalisé un gros finish pour aller chercher une belle 2ème place derrière Lohan Le Rohellec.

Andrew Davies suit à 1 minute, Francis Garnier à 2. L’expérimenté normand, vainqueur ici à Guerlédan il y a près de 10 ans, en 2016, est tendu. Plusieurs blessures l’ont freiné ces derniers mois. Il sent qu’aujourd’hui, il peut réaliser une performance majuscule.

Le retour vers l’Abbaye, avant la dernière boucle, va faire basculer la course. Benjamin Martinez, que l’on sentait sur un fil à Beau-Rivage, a perdu la foulée du Normand Tony Bihel. Déjà vainqueur en début d’année du Glazig, il a fait du Challenge Ouest Trail Tour sa priorité. Il sera à Brocéliande en septembre. Mais avant d’y pense, il reste du boulot: se présente, bientôt, la bien-nommée Montée infernale, kilomètre 54. Environ 450 mètres de long pour 130 mètres de dénivelé, dans les bois, et sur un terrain rendu gras par les passages, hier, des coureurs de 44 kilomètres: ce sera, à n’en pas douter, LE juge de paix du trail de Guerlédan. Et Tony Bihel ne laisse plus de place au doute, ici: il trottine, semble facile, et pointe avec environ 3 minutes d’avance sur un trio Garnier – Martinez – Davies, qui se tient en 1 minute 30. La différence de foulée, de rythme, d’impression de facilité entre Bihel et ses poursuivants est saisissante: même s’il reste une dizaine de kilomètres à parcourir, la gagne semble faite! Mais derrière, ce sera passionnant pour les deux autres places sur le podium. La dynamique semble en faveur de Garnier et Davies, mais Martinez est un client. Aura-t-il la ressource suffisante pour aller conserver un accessit de prestige? En haut de côte, un début de réponse apparait, il pointe avec une minute de retard sur Garnier, et s’est fait doubler par Davies.

Bihel, Garnier, Davies, ce sont bien ces trois là, dans cet ordre, que l’on retrouve sur l’aire d’arrivée. Tony Bihel fend une foule des grands jours, pour venir inscrire son nom au palmarès du Trail de Guerlédan, en 6h01’17. La plus belle victoire de sa carrière!

La joie de Francis Garnier, 2ème en 6h12’33, est tout aussi communicative. Qu’il est heureux de cette deuxième place. Elle laisse loin derrière les pépins physiques, et vient saluer une abnégation et un sérieux dans l’entrainement à faire palir beaucoup de traileurs.

Andrew Davies, à qui beaucoup mettaient ce matin la pancarte de favori, complète le podium, en 6h14’16 portant en étendard le drapeau du Pays de Galles autour des épaules.

Pas de breton sur le podium: les possibilités étaient pourtant là, notamment avec Kévin Meudec, brillant 4ème après sa 3ème place il y a 1 mois sur le 40 kilomètres de l’UTMA, Benjamin Martinez, finalement 8ème après une fin de course sur la jante, ou encore Valentin Piques, qui comme son pote Jean-Marie Diverrez a été contraint à mettre le clignotant. On reverra ces coureurs jouer la gagne à Guerlédan!

Le podium masculin: 1er: Tony Bihel – 2ème: Francis Garnier – 3ème: Andrew Davies

Chez les féminines, c’est un mano-à-mano qui a animé les premières heures de course, entre Margaux Guillaume, annoncée comme favorite, vainqueur du Glazig et de l’Aber-Wrach, en ce début de saison, et la Lesnevienne Marion Le Goff, toute jeune traileuse, vice championne de France de duathlon en 2024, vainqueur du championnat de Bretagne de cross, du 40 kilomètres de l’UTMA il y a un mois.

Les deux athlètes pointent ensemble à Gohfornic, puis au premier ravitaillement de Porh Antoine, kilomètre 22. L’on se dit, à ce moment-là, que ce n’est qu’une question de temps, pour que Guillaume, ancienne championne du monde de Canoë biplace mixte, sorte de sa foulée la jeune Le Goff, qui découvre les distances longues. Mais la Finistérienne a de la ressource! Elle sait se faire mal, et reste au contact, à mi-course après un peu moins de 4h de course. Solenn Michel reste en embuscade. Habituée aux places d’honneur (2ème du 42 kilomètres du Glazig cette année, 2ème du Menestrail 2023, 4ème de Brocéliande 2023), elle court à son rythme, et passe à mi-course à 4’30 de la tête, devant la Galloise Sanna Duthie et la Morbihannaise Lucie Guigue.

Et si Marion Le Goff, comme elle le dira elle-même, était dans un bon jour, ce n’est finalement pas le cas de Margaux Guillaume, qui jette l’éponge, quelques kilomètres plus loin. Le leadership de la course revient donc à la jeune Finistérienne. Elle qui avait finit dans un état d’épuisement avancé le Trail des 2 Lacs dans les Monts d’Arrée, début mai, trouvera-t-elle la ressource pour finir devant, alors qu’il reste encore un gros tiers de course? Rien n’est moins sûr, à ce stade, puisque Solenn Michel maintient le rythme et impose une pression constante à la leader, qui reçoit des informations partielles, pas toujours justes, concernant les écarts. Elle creuse toutefois l’écart, justement, et pointe avec 7 minutes d’avance à Beau-rivage. Mais cela commence à être long! Les 7 minutes se réduisent, inexorablement. L’écart n’est plus que de 4 minutes au pied de la montée infernale. Tout reste à faire, ici, alors qu’il reste près d’1h30 d’effort à produire.

La montée infernale ne modifie pas la physionomie, Le Goff pointant en haut avec toujours 4 minutes d’avance sur Michel. Mais au kilomètre 60, seules 3 minutes séparent les deux athlètes. Cela sera suffisant, pour la pétillante Marion Le Goff, qui s’impose finalement en 7h45′, avec 2 minutes 30 d’avance sur Solenn Michel, 4 minutes 15 sur Lucie Guigue, au terme d’une course intense. Quelle entrée resplendissante dans le Trail long, pour la jeune Finistérienne, qui apprend à vitesse grand V, mettant à profit ses qualités de vitesse, sachant aller puiser loin, très loin, dans la douleur.

Le podium féminin: 1ère: Marion Le Goff – 2ème: Solenn Michel – 3ème: Lucie Guigue


Interviews des vainqueurs

Marion Le Goff – victorieuse du Trail de Guerlédan 2025

Revivez l’arrivée victorieuse de Marion Le Goff

Tony Bihel – victorieux du Trail de Guerlédan 2025

Revivez l’arrivée victorieuse de Tony Bihel