Du trail simple, comme on l’aime, organisé par l’association TREC (Trail, Randonnée en Cornouaille) Saint-Yvi! Des bénévoles charmants, en veux-tu, en voilà! 2 courses proposées: 13 et 25 kilomètres, sur des circuits alternant parcours rapides, zones techniques et quelques portions avec davantage du dénivelé. Bref, tout pour passer un superbe dimanche matin de sport. Seul, entre copains ou en famille, toutes les générations sont représentées, les plus jeunes et les plus anciens étant même récompensées: on ne le voit pas partout, Bravo le S’ty Trail, Bienvenue à Saint-Yvi!

L’événement est inscrit au Challenge Armor Argoat. Après Melgven, le Bretagne Ultra Trail, Bubry, et Ergué-Gabéric, l’épreuve de Saint-Yvi est le 5ème round du challenge.

Sur la course du 26 kilomètres, quelques favoris se dégagent, au premier rang desquels Grégory Bodolec, vainqueur le week-end passé sur le 53 kilomètres du Trail de l’Odet, Gaël Duton, solide coureur des Sangliers An Orient, Yann Botrel, que l’on a moins vu ces derniers temps dans les pelotons mais qui présente la côte ITRA, référence de niveau des coureurs, la plus forte des engagés du jour, ou encore Julien Gloanec, Yoann Bruno et Olivier Destaillats. La densité est là, cela va courir vite! Chez les féminines, la victoire semble devoir se jouer entre la Lorientaise Mathilde Guichaoua et Carole Chiquet, inscrite de dernière minute et dont on ne compte plus les victoires. Attention également à Laura Girard, récemment 10ème du solide 40 kilomètres de l’Ultra Trail des Monts d’Arrée.

C’est parti fort, dans les premiers sous-bois de Saint-Yvi. Kilomètre 4, 15 minutes de course, un groupe d’une petite dizaine de coureurs pointe en quelques secondes! L’on retrouve en tête Cyril Hamonic, parti certainement trop rapidement, qui emmène dans sa roue Grégory Bodolec, Julien Gloanec, Olivier Destaillats, Yann Botrel et Axel Duton. Les favoris annoncés sont bien devant!

Sur cette course rapide, qui se gagnera en moins d’1h50, aucun répit! Sur les portions roulantes, pas question de lézarder, il faut envoyer des watts et faire jouer sa vitesse! Et devant, la course peut se gagner, et surtout se perdre, aussi sur la capacité à rester sur le bon chemin. L’orientation est une compétence fondamentale en trail! Le balisage est présent, mais il faut être vigilent. Une mauvaise direction peut vite être prise en cas de défaillance sur ce point. C’est ce qui va arriver, devant.

Grégory Bodolec, Julien Gloanec et Yann Botrel, semblent être les plus costauds. Peu après la mi-course , vers le kilomètre 15, ils sont devant. Précisément, Bodolec a pris quelques foulées d’avance sur Gloanec et Botrel, qui pointent à une trentaine de secondes. Botrel va revenir, et jouer un mano-à-mano avec le Plogastellois Grégory Bodolec. C’est là que les problèmes d’orientation entrent en jeu: « Grégory est allé dans une mauvaise direction, je l’ai appelé pour qu’il revienne sur la bonne trace. Quelques kilomètres plus loin, c’est moi qui me suis trompé. » Un partout, balle au centre, donc. Reste un sentiment de frustration palpable, même si les deux athlètes précisent que la victoire ne s’est pas jouée là.

L’on se dirige alors vers une bataille presque au sprint pour la victoire. Yann Botrel, l’ancien cycliste de haut niveau, prend quelques foulées d’avance à l’entrée du bourg de Saint-Yvi. Il ne sera pas repris par Grégory Bodolec, qui paie certainement son 53 kilomètres , 8 jours plus tôt, au prix d’un manque de punch et de fraicheur dans le dernier kilomètre.

Yann Botrel s’impose, et sa victoire fait plaisir à voir, lui qui avait mis le trail de côté depuis deux ans, le temps de construire sa maison. Il nous l’explique, dans la vidéo ci-dessous. Axel Duton et Olivier Destaillats prendront les places de 3ème et 4ème à Julien Gloanec, 5ème. Lui aussi était présent sur le 53 kilomètres du Trail de l’Odet. Comme pour Bodolec, la fraicheur a manqué sur la fin de parcours.

Chez les féminines, de match il n’y a finalement pas eu! Dès le début de course, Carole Chiquet s’emparait de la tête, faisant sa course devant sans se soucier de l’adversité. Mathilde Guichaoua, deuxième du départ à l’arrivée, admettra « une course compliquée à gérer au niveau de la chaleur, mais avec un parcours et une organisation au top. J’ai essayé d’accrocher Carole sur les premiers kilomètres, mais j’ai vite vu que son rythme était supérieur au mien. » Pour la Quimpéroise Carole Chiquet, « les sensations reviennent. J’avais l’impression d’être parti vite, je risque de le payer. Et finalement, ça l’a fait! Retrouver les participants du 13 kilomètres m’a reboosté pour finir! » Après le Trail de l’Odet, il y a 8 jours, et le Trail du Nivot, juste avant, la forme revient : « J’ai couru le Trail du Cap, et j’ai eu une douleur au pied qui m’a empêché de courir la Maratrace à Trégunc. J’envisage de courir le « long » du Trail de la Vallée du Scorff, en octobre. » Il faudra la suivre, à n’en pas douter!

Sur le 13 kilomètres, c’est le bien connu Claude Danielou, qui s’est imposé au terme d’une course rapide en 52’11. Il devance Gwenn Le Goff de quarante secondes (52’51), Nolan Léost, l’espoir de Concarneau complétant le podium en 53’40. Une satisfaction, pour le coureur de Trégunc: « J’ai couru le 26 kilomètres de Guerlédan le week-end dernier, où je finis 20ème. La course de ma vie! Je me suis fait plaisir en m’inscrivant ici, sur le court, puisque je travaille juste après. La première partie de course était très roulante, ce qui n’était pas en ma faveur après ma préparation pour Guerlédan axée sur le dénivelé, mais j’ai pu faire la différence ensuite dans les parties techniques. J’irai sans doute à Coray la semaine prochaine, pour surfer sur la forme du moment! »

Chez les féminines, la victoire revient à la Quimpéroise Solène Merle, vainqueur en 1h06’17, la deuxième place revenant, au sprint, à Ghislaine Lereverend Duvollet (1h07’07), deux secondes devant Cécile Quemener (1h07’09).

Mais la beauté du trail, c’est aussi de féliciter les derniers autant que les premiers. Qu’ils furent admirables, les derniers arrivés du 25 kilomètres, à l’image de l’exemplaire Brestois Jean-Marc Urbin, expérimenté M6, et finisher en 3h22’52, ou du néophyte Mathis Droux, jeune Quimpérois ayant commencé le trail il y a 3 mois, qui est allé au bout de l’effort, récompensé d’un bouquet par l’organisation, pour finir en 3h38’42. L’effort ne fût-il pas plus dur pour eux que pour les vaillants coureurs ayant mis 1 heure ou 1 heure 30 de moins?


Interviews des vainqueurs

Yann Botrel – vainqueur du S’ty Trail 2025 – 25kms

Mathis Droux – dernier finisher du S’ty Trail 2025 – 25kms

Vivre avec la Duplication 15q : le combat quotidien d’une famille

Il y a des mots qu’on n’apprend que parce qu’ils deviennent notre réalité. “Duplication 15q” en fait partie. Derrière ce nom clinique se cache une réalité complexe, souvent silencieuse, vécue par des familles qui, chaque jour, réinventent leur manière d’aimer, d’éduquer, de vivre. Peggy est l’une de ces mères. Forte, lucide, combattante, elle a accepté de partager son histoire, celle de sa fille Laure, et de témoigner pour donner un visage à ce syndrome rare, encore peu connu du grand public.

Une association pour sortir de l’ombre

L’association Dup15q France, basée en région parisienne, est née de la nécessité de donner une visibilité à un syndrome aussi rare qu’insidieux : la duplication du chromosome 15q. « Nous ne sommes qu’une trentaine de familles en France », explique Peggy, représentante régionale en Bretagne. « La vocation de l’association, c’est de faire connaître la maladie, d’encourager les dépistages génétiques, et surtout de ne plus être seuls. Le syndrome Dup15q peut présenter des symptômes très différents: cela peut aller de l’hypotonie (difficultés musculaires), des troubles du développement, un retard intellectuel, jusqu’à l’épilepsie, voire à l’autisme: il y a des degrés, et des symptômes associés très divers. C’est ce qui rend ce syndrome difficile à détecter.”

Ce sentiment d’isolement, elle l’a connu au moment du diagnostic. L’association lui a permis de trouver du soutien, des réponses, et de tracer des repères dans un quotidien bouleversé. Grâce à des événements comme le S’ty Trail de Saint-Yvi, les fonds récoltés permettent d’organiser des rencontres entre familles, essentielles pour tisser des liens, partager des solutions, rompre l’isolement. “Je remercie l’association TREC de Saint-Yvi pour son soutien, renouvelé cette année. C’est une aide précieuse pour l’association.”

Un diagnostic tardif, mais libérateur

Les premiers signes sont apparus tôt : des apprentissages plus longs, des retards de développement, des difficultés à s’exprimer. Malgré une prise en charge précoce en orthophonie et ergothérapie, il faudra attendre les 8 ans de Laure pour que le diagnostic soit posé. « Ça a été un choc, bien sûr », confie Peggy. « Mais aussi un soulagement. Mettre un nom sur les difficultés nous a permis de changer notre regard, de comprendre que ce n’était pas de sa faute. »

Le diagnostic ouvre aussi la voie à une meilleure prise en charge médicale : demandes d’aides, reconnaissance en affection longue durée, adaptation du parcours scolaire… Autant d’éléments décisifs pour alléger un quotidien déjà exigeant. 

Grandir avec la différence

Aujourd’hui, Laure est en CM2, à Rosporden. À la rentrée, elle rejoindra une classe ULIS au collège du Porzou à Concarneau. Un soulagement pour sa mère : « Les journées sont longues, éprouvantes. En ULIS, elle aura des groupes réduits, un rythme adapté. » Laure est accompagnée par une AESH, mais l’adaptation reste parfois insuffisante en primaire.

Sur le plan social, c’est plus compliqué. « Elle est très solitaire. Les autres enfants ne comprennent pas toujours. Les premières années de scolarité ont été difficiles. » Laure le dit avec ses mots : « J’aime l’école, mais je déteste les récrés. Je m’ennuie. Je n’ai pas de copains. »

Pourtant, malgré ces obstacles, elle s’accroche, progresse, apprend à se défendre, se construit. Elle lit, colorie, fait de l’escalade, de la natation. « Ce n’est pas toujours facile de la motiver le matin », sourit Peggy, « mais elle y va, et elle y arrive. »

Être parent d’un enfant en situation de handicap, c’est vivre chaque moment avec une intensité démultipliée. « Les moments de joie sont d’autant plus précieux, parce qu’ils sont souvent inattendus. Quand Laure a appris à faire du vélo ou à nager, c’était incroyable. » Cette intensité se double parfois d’épuisement. Les démarches administratives, par exemple auprès de la MDPH, peuvent être complexes, longues, usantes. « Ces institutions sont censées nous aider. Par la complexité des dossiers demandés, elles deviennent des sources de stress. » Heureusement, Peggy peut compter sur un entourage familial proche, présent, bienveillant.

Laure est affectueuse, sensible, dotée d’une grande empathie. « Elle est très attentive aux personnes âgées, aux plus vulnérables. C’est peut-être un chemin pour plus tard. » Pour sa mère, elle incarne la persévérance : « Elle prouve qu’avec du temps, de l’effort, tout est possible. À l’escalade, on disait qu’elle n’y arriverait pas. Elle a montré que si. »

Laure forge son caractère dans la difficulté, développe une force que peu soupçonnent. « Elle ne se plaint jamais. Elle va au bout des choses. Elle nous apprend à relativiser. Si elle n’y arrive pas aujourd’hui, elle y arrivera demain. Et si ce n’est pas le cas, ce n’est pas grave. »

L’histoire de Laure et de sa famille est celle d’un combat quotidien, mais aussi d’un amour inconditionnel, d’une foi tenace en les possibles. C’est une histoire de patience, de courage, de résilience.

Et surtout, l’histoire d’une petite fille qui grandit avec sa différence, mais aussi ses rêves et ses talents.

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