Bretagne Ultra Trail 2025


Récits de courses

112 kms

C’est parti très fort, sur la course phare du Bretagne Ultra Trail, longue de 112 kilomètres. Sous une pluie continue, qui aura rincé autant les terrains que les coureurs! Avec, dès les premières minutes, des faits de course qui allaient marquer les corps et les esprits. Comme l’impressionnant choc avec un tronc d’arbre pour Jean-Marie Diverrez, l’un des favoris de la course, dès le 5ème kilomètre, qui lui aura abîmé deux dents, le nez et le menton. Quel courage pour ce coureur qui finira finalement à la deuxième marche du podium, une dizaine d’heures plus tard! Comme, également, les nombreux problèmes de balisage rencontrés par les coureurs. Changement de sens des flèches directionnelles, panneaux enlevés, on entend tout (et son contraire, parfois) dans les équipes d’assistance. 

Mais le rythme également est parti fort. Aurélien Le Jouis, Guenaël Oliviero, Maxime Jaouen, Anthony Pipitone et donc Jean-Marie Diverrez impriment un gros tempo, avalant les 5 premiers kilomètres en 23 minutes “On est parti trop fort” avouera Maxime Jaouen à l’arrivée! 

A Kerchopine, km 31, un duo s’est formé: Oliviero – Jaouen impriment un rythme soutenu. Le Jouis – Diverrez suivent à quelques minutes, agacés par les soucis de balisage. Pierre Thetiot, handicapé par un problème chronique de cheville, jette l’éponge. Mais il y a de la tension dans le top 20. Le même sujet revient sans cesse, comme par Thomas Gourves, 13è: “Il y a des petits cons qui changent les sens des flèches” s’emporte-t-il alors qu’il se ravitaille.

Mais, déjà, le duo de tête semble parti pour aller chercher la gagne. Chaque pointage ne fait que confirmer son avance. Au kilomètre 48, le trou est de 15 minutes pour Jaouen / Oliviero sur Le Jouis / Diverrez. 10 kilomètres plus loin, il est de 25 minutes. Maxime Jaouen continue d’appuyer, à la sortie des Roches du Diable, alors que le ravitaillement de Locunolé est en approche. L’élastique se tend, et finira par craquer. Le Trémévenois creusera un écart qui s’avèrera définitif sur Guénaël Oliviero, qui avouera avoir subi une hypoglycémie fatale. Maxime Jaouen, qui gèrera son avance après Quimperlé, ne sera plus repris. Il s’impose dans un temps remarquable de 9h38. Une fierté de gagner à domicile pour l’infirmier de profession.

Derrière, c’est le guerrier Diverrez qui revient, et fort! Quelle leçon de trail! 5ème à Locunolé, le M2 pointe en 3ème position à Quimperlé. Il double dans la forêt de Toulfoën un Guénaël Oliviero qui ne pourra tenir son rythme, et termine également sous les 10h, à 13 minutes, seulement, du vainqueur du jour. 13 toutes petites minutes, au vu des circonstances du jour!

Chez les féminines, c’est un trio groupé Angélique Cariou – Cécile Moussard – Eugénie Maillard, qui pointe devant au km 31, 13 minutes devant l’athlète mayennaise Steffie Coutard.

Cécile Moussard fait parler son expérience dans les bas fonds des bois morbihannais, jusqu’aux Roches du diable. Elle est à son avantage dans ces up and down boueux. Au kilomètre 60, un gros écart est fait: elle passe à Locunolé avec près de 30 minutes d’avance sur Eugénie Maillard, 40 minutes sur Angélique Cariou. Personne ne la reverra. Alors que le beau temps arrive, elle file maintenant vers l’océan, seule en tête, pour décrocher une belle victoire. Les derniers kilomètres, dans la forêt de Toulfoën, puis le long de la Laïta, ne seront pourtant pas de tout repos, pour l’athlète qui montre des signes d’usure. Son avance, de 40 minutes à Quimperlé, fond progressivement. Qu’importe, il lui en reste bien assez, pour lever les bras au Pouldu!

Derrière, Eugénie Maillard craque. 2ème à Locunolé, juste après la mi course, elle pointe 7ème à Quimperlé. Angélique Cariou, vainqueur du Grand Raid du Finistère en septembre 2024, format 166kms, s’accroche à cette belle 2ème place. Katia Le Cornec, et Marine Le Pennec, revenues du diable vauvert, respectivement 6 et 7ème à Locunolé, maintiennet l’effort et viennent chercher des satisfaisantes 3 et 4ème place.

59 kms

Il y avait un gros plateau, sur ce 59 kilomètres du Bretagne Ultra Trail. Maël Nivinou, Clément Michel, Jean-Adrien Michel, Florian Le Vigouroux, ou encore Baptiste Flégéo: ça allait courir vite, très vite! Et à ce petit jeu, c’est l’ancien footballeur Clément Michel qui a tiré le premier! 1er à Quimperlé, 1er à Saint-Maurice, 1er à l’arrivée: une copie parfaite pour le Nord-Finistérien, que l’on a vu remporter récemment le réputé Trail du Cap, ou l’an passé le 37kms du Trail du Bout du Monde, entre autres.

Tout n’aura pourtant pas été une partie de plaisir, tant l’adversité était présente. Seules deux minutes séparaient à Quimperlé les homonymes Clément et Jean-Adrien Michel: pas de quoi considérer course gagnée, loin s’en faut. Alors Clément en a remis, encore et encore. « Je me disais: travaille, travaille, travaille, je n’avais que ça en tête » expliquera à l’arrivée le vainqueur du jour. A force de travail, son avance passe à 5 minutes au Camping Kerrou, puis 6 minutes à l’arrivée au Pouldu.

Chez les féminines, la course aura été encore plus indécise. Jugez plutôt: A Quimperlé, kilomètre 30, Elodie Le Poetvin, Laëtitia Le Corre, Cecile Perier, Emilie Laboyrie, Marie Cavell, et Emilie Lubet, soit 7 prétendantes à la victoire, se tiennent en moins de 8 minutes. Le classement évolue sans cesse, et évoluera jusque dans les derniers kilomètres! C’est finalement Elodie Le Poetvin qui remporte la mise, deux minustes devant Cécile Perier, trois devant Laëtitia Le Corre. Un classement particulièrement serré pour une course qui se sera gagnée en près de 6h.

Le podium femme se félicite d’une course haletante: Elodie Le Poetvin (1ère, au centre), Cécile Perier (2è, à droite), Laëtitia Le Corre (3è, à gauche)



Interviews des vainqueurs

Elodie Le Poëtvin – Vainqueur Femme BUT 59kms

Maxime Jaouen – Vainqueur Scratch BUT 112kms

Chloé Bacon, Vainqueur Femme BUT 29kms

Clément Michel, vainqueur Scratch BUT 59kms

Le podium du 29kms Homme avec David Pasquio (au centre), vainqueur, Vivien Laporte (à droite), second, et Martin Le Blevec (à gauche), troisième



Florian et Hélène courent contre le cancer du glioblastome

« On a célébré nos parents dans la joie, dans le sport, dans le partage! »

Hélène Freel et Florian Guennal ont couru le Bretagne Ultra Trail, samedi 26 avril, sur le format 59 kilomètres. Ils ont choisi d’adosser leur défi sportif à une action en faveur de l’association Des étoiles dans la mer, qui lutte contre le glioblastome. Et pour cause: Florian a perdu son papa en 2013, Hélène sa maman l’année suivante, d’une tumeur au cerveau.

Retrouvez la cagnotte ici, et aidez l’association Des étoiles dans la mer.

Quelques jours après leur course, entretien avec Hélène et Florian.

Revenons d’abord à la base du projet: pourquoi avoir choisi de courir le Bretagne Ultra Trail cette année?

Hélène: A la base, c’est le défi sportif qui nous a motivé! Nous courons tous les deux, à différents niveaux, et nous avons voulu faire une préparation et partager un même événement. Ce trail près de la maison est apparu idéal. Et assez vite, j’ai voulu donner du sens à la course. Et j’ai trouvé l’association Des étoiles dans la mer. Le sens a été évident pour nous, puisque nous avons chacun perdu l’un de nos parents d’une tumeur au cerveau. Cela a permis de parler de ce cancer, de libérer la parole et surtout de réunir nos familles.

En quoi cela a été une source de motivation pour vous?

Florian: On ne courait pas que pour nous, mais également pour rendre hommage à nos parents.Cela nous a permis de parler de nos parents disparus, et de la maladie, de façon positive! Au début, nos familles ne comprenaient pas vraiment pourquoi nous voulions courir une distance aussi longue, et finalement, leur soutien a été incroyable.

Hélène: Au-delà du jour J, ils nous ont aidé à mettre en lumière l’action caritative, en nous donnant l’idée de contacter la presse par exemple. Et samedi, jour tant attendu, cela a été incroyable! Ils étaient partout, j’étais la star de la course!  Ils ont fait un bruit dingue. 

Florian: De mon côté, un coureur a voulu rester avec moi, pour profiter de cette ambiance et de cet engouement! 

Vos performances sur la course sont remarquables (Florian; 5h11 – 1er Master 1 / 17ème au scratch – Hélène, 8h02). Comment avez-vous préparé l’épreuve?

Hélène:  je suis très sportive depuis la disparition de ma maman, mais je pratiquais essentiellement le vtt, le gravel, le yoga, et le running uniquement en complément, sans vraie régularité. Je m’y suis mise intensivement, 4 à 5 fois par semaine, seulement depuis décembre. Mais j’avais quand même, tout au début de mon parcours sportif, couru 2 marathons. Alors, redécouvrir les sorties longues, notamment la boucle de 42 kilomètres autour de Clohars-Carnoët du Pouldu, a été un vrai plaisir! J’ai adoré la discipline et la régularité de l’entraînement pour le trail, mais j’ai surtout hâte de me remettre au vélo! 

Florian: de mon côté, j’ai plus d’expérience. Je cours avec le club de Bannalec Pays de Quimperlé Athlétisme. Mais pour moi aussi, les sorties longues du samedi matin avec les copains ont été des supers moments d’entraînement.

Les panneaux d’encouragements ont fleuri tout au long des 59 kilomètres du Bretagne Ultra Trail

Racontez moi la course: comment l’avez vous vécue, sportivement parlant?

Florian: On l’a vécue de façon opposée! Je suis parti à fond la caisse! Galvanisé par les pancartes, les encouragements. L’euphorie m’a poussé: je suis parti trop vite! J’ai payé ce départ tambour battant dans la forêt de Toulfoën, que j’ai trouvé très dure à passer. J’étais seul, il y a avait moins d’encouragement aussi. Et j’ai fini à l’énergie, tout en maintenant une allure correcte. Une belle course, j’en suis content!

Hélène: Moi, au contraire, j’ai trouvé le début affreux, dans la boue. Toute la partie jusqu’à Ty Nadan, Quimperlé a été difficile. Et puis ça allait de mieux en mieux, même si je suis tombée autour du 40ème kilomètre.  Aussi parce que j’ai eu encore plus d’encouragements, quand Flo était arrivé! Et puis courir presque à domicile a été une aide: nous connaissions bien le parcours, des copains étaient aussi présents sur les différentes distances. Tout cela m’a bien aidé!

On sent que le soutien de vos proches a fait la différence!

Hélène: c’est certain! On avait environ 25 personnes pour nous soutenir. Ils se sont répartis en plusieurs groupes, ils étaient partout! Dimanche, on a fait un pot pour remercier nos proches, et les donateurs qui ont contribué à la cagnotte. Cela a permis de prolonger positivement le mouvement.  

Que retenez-vous de cette expérience?

Florian: Cela m’a fait beaucoup de bien de porter cette cause, en faisant exister mon papa le temps de la préparation, de la course. Par exemple, on a beaucoup parlé de mon papa avec ma maman ces derniers temps, chose qu’on faisait moins ces dernières années. La parole s’est libérée, loin du deuil: de façon positive, vivante!

Hélène: De mon côté, cela m’a beaucoup porté pendant la préparation! Moins le jour de la course, ou le sport, l’aspect festif, les encouragements, ont pris toute la place ou presque.  Plus globalement, cela nous a permis aussi de porter et réaliser un projet de couple. De faire quelque chose de beau de notre histoire commune! On est fiers, on est heureux, de l’avoir fait!  Et une dizaine d’années après le décès de nos parents respectifs, loin de la tristesse de ces disparitions, c’était un beau moment de vie de leur rendre hommage de cette façon. Positivement, dans la joie, le sport, le partage avec nos proches. On a célébré nos parents: c’était beau, tout simplement! 

Quels sont vos projets sportifs pour l’avenir?

Florian: Nous n’avons pas d’autres grandes courses prévues: on court à Moëlan mi-mai, on veut aussi faire Taulé-Morlaix en fin d’année. Augmenter les distances n’est pas dans mes objectifs.

Hélène: On fait aussi des voyages à vélo, et notre prochain projet sera peut-être la Viarhôna, de Genève à Sète (environ 800 kilomètres), en juin!